Bruno Chaza Interview
Publié : 14 janv. 2010, 23:27
Actualités
Bonjour Bruno, quelle est ton actualité ?
Bonjour Fanto, merci à toi pour cet échange.
Je suis dans une période open et ouverte à tous projets.
J’ai décidé d’arrêter de donner des cours. Ce fut une activité intéressante pour moi pendant quelque temps, mais je n’en éprouve plus l’envie donc je m’en éloigne.
Il y a eu dernièrement une sortie d’album, celui de La Noté Gypswing : C’est un répertoire post Django Reinhardt, avec des reprises de grands accordéonistes comme Gus Viseur par exemple. Sur cet 'album, vous pouvez entendre Yves Manga à la basse, Christian Lochouarn au saxophone, Véro Bossa, Fred Blondin aux chœurs, Brian Nova à la guitare, Pierre Seguy à l'accordéon. Je joue exclusivement sur ces titres de la basse piccolo.
L'enregistrement a eu lieu au studio Wake The Dead, avec Phil Wake, l'ingénieur du son.
Je suis actuellement en studio pour l'enregistrement de deux nouveaux albums, celui d'un chanteur italien David Luccio, L'amore all' italiana, et celui de Michel Eyan, Coeur mangé avec Hannah H et Michael Robinson aux chœurs, Michel à la voix, à la guitare et Pierre-Étienne Michelin à la batterie.
L'enregistrement a lieu à ICP Bruxelles, avec Phil Délire, l'ingénieur du son aux manettes.
Je suis également sur un enregistrement de musique de film, dont le sujet est la plongée sous-marine, composition de Jean-François Mounet.
Jean-François, outre son talent de compositeur, a mis au point un instrument son et lumière, le Skydrum. Nous allons présenter avec Peter Jonsson à la guitare, Luc Plouton aux claviers et Jean-François au Skydrum et à la batterie prochainement ce film sous-marin.
Vidéo du groupe Subaquashow en concert, solo de basse :
https://www.youtube.com/watch?v=_PaAF2DTFMw
Le matériel, la lutherie
Quels instruments utilises-tu ?
Je joue exclusivement sur mes modèles Bruno Chaza Signature conçus en collaboration avec le fabuleux luthier Christian Noguera.
Je joue de plus en plus souvent de ma basse piccolo qui est une basse accordée une octave au-dessus. Je me situe sur un registre entre la basse et la guitare, dans les fréquences d’un musicien que j’adore, Wes Montgomery. Ça me permet de faire des accords, des chorus, de l’harmonie et de jouer avec des bassistes même et surtout au sein des groupes ou orchestres.
Es-tu fidèle à une basse ou changes-tu d’instrument suivant tes besoins et la musicalité que tu recherches ?
Sur les ballades et certains styles de groove, j'aime surtout jouer ma basse fretless. Sur un tempo plus rapide, je prends ma basse frettée, sinon dans mon jeu de tous les jours, je joue beaucoup plus avec ma basse piccolo.
Et l’amplification, les cordes ?
Je suis sous endorsement avec la marque américaine Aguilar.
Je dispose d’une tête hybride lampe et transistor de 950 watts, la tête DB 750 et je joue sur deux baffles finition tweed vintage, un deux fois 12 pouces et un gros 15 pouces.
Je suis également sous endorsement avec la marque américaine Labella : ils me fabriquent des cordes sur mesure pour mes tirants, car je joue avec des tirants très fins, notamment pour ma basse piccolo, soit 045, 030, 022, 015.
Le passé musical, l'évolution
Quel a été ton parcours d’étudiant en musique ?
J’ai commencé par la musique classique, puis la musique binaire, progressive et rock. Après, je me suis orienté vers le Jazz et j’ai fini par tout oublier et apprendre tout seul. Ça a été la meilleure des formations pour moi.
Faire mes études universitaires sur scène.
As-tu l’impression de t’être approprié des clés dans ton parcours, une façon particulière de traiter une cadence ou un accord, comment et par quel moyen la technique a-t-elle laissé le pas à la liberté dans ton jeu ?
En jouant tout simplement le plus possible et toutes sortes de musique. Si tu fais un copié-collé de ce que tu as appris ou bien que tu essaies consciencieusement d’appliquer un plan ou une méthode, c’est que tu n’as pas encore tout à fait compris comment cela peut fonctionner.
Le but est de laisser jouer son subconscient ; les notes doivent venir naturellement sans avoir à se poser de questions sur les tonalités, les cadences ou les accords.
C’est un ressenti qui doit être instinctif, libre. Il faut être comme sur un poste de radio lorsque tu cherches une station : il faut trouver la bonne fréquence en soi.
C’est long par contre et, souvent, on se cache derrière le travail, les plans, la technique ou les méthodes en oubliant l’essentiel : la musique se joue avec ses oreilles, et mes oreilles, ce sont mes doigts.
Quelles ont été les clés de ton évolution, ce qui t’a réellement permis d’avancer, les musiciens, un livre d’étude particulier, une rencontre, une façon particulière de travailler ?
Jouer incessamment avec la radio ou la télé. Ça m’a permis de me forger un style, un jeu, une liberté qui est devenue au fil du temps authentique.
Quelles sont les affinités propres à ton jeu, trio, quartet, y a-t-il selon toi une formule qui fait passer le mieux ce que tu as à dire ou est-ce suivant l’humeur ?
Les affinités pour moi sont avant tout humaines : si le courant passe avec les musiciens, je joue dans n’importe quelle configuration, cela sera toujours enrichissant quel qu’en soit le style.
As-tu un tempo, ton tempo, lequel ?
Le tempo dépend du moment où je joue, l’après-midi ça peut aller plus vite, le soir, j'aime jouer lazy.
Quelles sont les tonalités que tu apprécies et dans lesquelles tu navigues en liberté ?
J’aime bien les armures en bémols, pas mal de standards grâce aux cuivres sont écrits comme ça. Sinon toutes les tonalités sont intéressantes, je ne suis pas sectaire.
As-tu développé ta technique de jeu propre ?
Avec ma basse piccolo, je n'ai pas de repères, je veux dire que je ne m'influence d'aucun autre bassiste. De ce fait, le jeu m'est propre et je me sens authentique. Sur les autres basses, je n'ai pas encore assez de recul, mais nous avons tous un son, un phrasé, un style, ce sont nos empreintes digitales.
Chaque musicien doit avoir une carte d’identité. Quand tu reconnais immédiatement au jeu et au son la personne qui joue, c’est qu’elle a déjà son influence. Après, si tout semble très facile en la voyant manœuvrer, c’est qu’elle est déjà super au point et il y a beaucoup de musiciens dans ce cas.
Penses-tu que la basse est l’instrument du groove ou aimes-tu te sentir libre tant dans les solos que dans les accords ?
Les deux, je n'aime pas trop l’idée qu’une école puisse s’imposer sur une autre, après, c'est le bon sens qui dirige ta réflexion. Si tu joues du Blues ou de la chanson, tu ne vas pas dans les fréquences basses faire du solo tout le temps. Le bassiste doit groover, c’est la base. Si en plus, il peut planter de beaux chorus, pourquoi s’en priver ? C’est le style et l’ouverture des musiciens qui dictent la conduite à tenir.
Demain, je veux acheter un CD où tu joues, qu’est-ce que tu me conseilles ?
Le prochain, il faut avancer.
La vie du musicien, les conseils
Peux-tu nous décrire une semaine type de ta vie de musicien ?
Premièrement l’humeur. Ma vie influe sur ma façon de jouer, il faut avoir quelque chose à dire, quelque chose à sortir, ce que régulièrement, je n’arrive malheureusement pas à faire dans ma vie et mes relations, sortira derrière mes notes.
Deuxièmement, le téléphone et les mails, c’est ce qui influe sur ma semaine en général.
Dans ton travail personnel au quotidien, que joues-tu régulièrement ?
Je joue, suivant mon humeur, rien n’est régulier, rien n’est quotidien. Je n'aime pas parler du mot « art » je trouve qu’il a une connotation péjorative, voire prétentieuse, mais pour une fois, je vais l’employer, je crois que la norme est le contraire de l’art.
Quels sont les conseils que tu donnerais aux aspirants musiciens qui te lisent ?
Je n'ai pas la prétention de donner des conseils, mais je vais essayer, je pense qu’un musicien s’inscrit dans la durée. Il faut être persévérant.
L’impossible recule devant celui qui avance. Après, je leur dirais de ne pas reproduire mes erreurs, de ne pas rester dans leur bulle.
C’est excessivement long avant d’arriver à jouer comme on le rêve et c’est souvent au détriment de ce qui est important dans une vie.
On reconnaît son bonheur au bruit qu’il fait en partant donc, restez vigilant.
J’ai oublié de vivre bien souvent pour arriver dans mon rêve et quand la vie nous bouscule, la chute est dure.
En dehors de la musique, quels sont les domaines qui te passionnent ?
La spiritualité, l'empathie.
Internet, crise du disque, prise de position
La crise du disque, l’individualisme forcené de ceux qui arrivent à vivre de la musique, le préformatage des musiques, est-ce que tu penses que la pente est irréversible ou est-ce que tu entrevois des solutions ?
Oh là, je ne suis pas compétent pour répondre à ça, je dirai qu’il y a ceux qui s’adaptent au changement et ceux qui ne s’y adaptent pas. La concurrence pour vivre de la musique est dure pour ceux qui sont musiciens dans l’âme, car ils n’ont pas toujours conscience qu’il faut s’arrêter de jouer pour aller voir ce qu’il se passe dehors.
Il y a ceux qui cherchent des excuses et ceux qui trouvent des solutions. Après, savoir si c’est une bonne chose ou pas et comment les choses vont évoluer, difficile à dire quand on ne maîtrise pas le sujet.
Penses-tu qu’Internet puisse être une ouverture pour le musicien ou crois-tu à l’inverse que la toile va nous isoler encore plus ?
Les deux, c’est une ouverture exceptionnelle, Facebook, Myspace donnent la sensation d’exister. C’est un moyen génial de communiquer, d’aborder, de s’ouvrir au monde et pour cela, c'est immensément utile pour nous autres saltimbanques.
Par contre, on s’isole déjà pas mal comme instrumentiste pour arriver à donner le meilleur de soi et souvent, on doute, donc derrière un clavier d’ordinateur, la vie peut vite devenir une virtualité asphyxiante.
Le musicien a son mot à dire face aux cris d’alarme que la planète émet un peu partout ! Ou penses-tu au contraire qu’il ne doit pas pratiquer le mélange des genres ?
Je pense qu’il devrait pratiquer le mélange des genres. Celui qui passe la quarantaine en étant encore musicien a démontré qu’il possédait des gènes de résistance bien développés.
Celui qui est sincère et sensible dans sa démarche de musicien est automatiquement un « alien » pour le reste du monde. Ce monde qui ne fonctionne pas avec nos codes, nos envies, nos rêves. Il y a toujours un décalage entre notre rêve original, notre but et la vie quotidienne, celle du monde « ordinaire ».
Alors en tant qu'être humain, j’ai tendance à dire non au monde tel qu’il est, et j’applique ma vie à ma façon d’être et de voir les choses. Il est rare de voir au fur et à mesure de l’avancée du chemin des personnes qui nous ressemblent. Plus j’avance et moins, je vois d’« Highlanders ».
N’y vois pas de pessimisme, c'est juste un ressenti, j’essaie malgré tout de dégager le côté positif des personnes et des événements et j'apprends quotidiennement.
J’aimerais juste tellement que nous soyons plus nombreux.
Vive l'empathie.
Bruno Chaza
Website :
https://www.brunochaza.com
YouTube :
https://www.youtube.com/c/BrunoChazaBass
Facebook :
https://www.facebook.com/BrunoChaza2
Instagram :
https://www.instagram.com/brunochazabass/
--------------------------------------------------------------------------------
Merci Fanto pour ce moment passé ensemble et à bientôt, ici ou ailleurs !
Interview Fanto Chrys Legros
Bonjour Bruno, quelle est ton actualité ?
Bonjour Fanto, merci à toi pour cet échange.
Je suis dans une période open et ouverte à tous projets.
J’ai décidé d’arrêter de donner des cours. Ce fut une activité intéressante pour moi pendant quelque temps, mais je n’en éprouve plus l’envie donc je m’en éloigne.
Il y a eu dernièrement une sortie d’album, celui de La Noté Gypswing : C’est un répertoire post Django Reinhardt, avec des reprises de grands accordéonistes comme Gus Viseur par exemple. Sur cet 'album, vous pouvez entendre Yves Manga à la basse, Christian Lochouarn au saxophone, Véro Bossa, Fred Blondin aux chœurs, Brian Nova à la guitare, Pierre Seguy à l'accordéon. Je joue exclusivement sur ces titres de la basse piccolo.
L'enregistrement a eu lieu au studio Wake The Dead, avec Phil Wake, l'ingénieur du son.
Je suis actuellement en studio pour l'enregistrement de deux nouveaux albums, celui d'un chanteur italien David Luccio, L'amore all' italiana, et celui de Michel Eyan, Coeur mangé avec Hannah H et Michael Robinson aux chœurs, Michel à la voix, à la guitare et Pierre-Étienne Michelin à la batterie.
L'enregistrement a lieu à ICP Bruxelles, avec Phil Délire, l'ingénieur du son aux manettes.
Je suis également sur un enregistrement de musique de film, dont le sujet est la plongée sous-marine, composition de Jean-François Mounet.
Jean-François, outre son talent de compositeur, a mis au point un instrument son et lumière, le Skydrum. Nous allons présenter avec Peter Jonsson à la guitare, Luc Plouton aux claviers et Jean-François au Skydrum et à la batterie prochainement ce film sous-marin.
Vidéo du groupe Subaquashow en concert, solo de basse :
https://www.youtube.com/watch?v=_PaAF2DTFMw
Le matériel, la lutherie
Quels instruments utilises-tu ?
Je joue exclusivement sur mes modèles Bruno Chaza Signature conçus en collaboration avec le fabuleux luthier Christian Noguera.
Je joue de plus en plus souvent de ma basse piccolo qui est une basse accordée une octave au-dessus. Je me situe sur un registre entre la basse et la guitare, dans les fréquences d’un musicien que j’adore, Wes Montgomery. Ça me permet de faire des accords, des chorus, de l’harmonie et de jouer avec des bassistes même et surtout au sein des groupes ou orchestres.
Es-tu fidèle à une basse ou changes-tu d’instrument suivant tes besoins et la musicalité que tu recherches ?
Sur les ballades et certains styles de groove, j'aime surtout jouer ma basse fretless. Sur un tempo plus rapide, je prends ma basse frettée, sinon dans mon jeu de tous les jours, je joue beaucoup plus avec ma basse piccolo.
Et l’amplification, les cordes ?
Je suis sous endorsement avec la marque américaine Aguilar.
Je dispose d’une tête hybride lampe et transistor de 950 watts, la tête DB 750 et je joue sur deux baffles finition tweed vintage, un deux fois 12 pouces et un gros 15 pouces.
Je suis également sous endorsement avec la marque américaine Labella : ils me fabriquent des cordes sur mesure pour mes tirants, car je joue avec des tirants très fins, notamment pour ma basse piccolo, soit 045, 030, 022, 015.
Le passé musical, l'évolution
Quel a été ton parcours d’étudiant en musique ?
J’ai commencé par la musique classique, puis la musique binaire, progressive et rock. Après, je me suis orienté vers le Jazz et j’ai fini par tout oublier et apprendre tout seul. Ça a été la meilleure des formations pour moi.
Faire mes études universitaires sur scène.
As-tu l’impression de t’être approprié des clés dans ton parcours, une façon particulière de traiter une cadence ou un accord, comment et par quel moyen la technique a-t-elle laissé le pas à la liberté dans ton jeu ?
En jouant tout simplement le plus possible et toutes sortes de musique. Si tu fais un copié-collé de ce que tu as appris ou bien que tu essaies consciencieusement d’appliquer un plan ou une méthode, c’est que tu n’as pas encore tout à fait compris comment cela peut fonctionner.
Le but est de laisser jouer son subconscient ; les notes doivent venir naturellement sans avoir à se poser de questions sur les tonalités, les cadences ou les accords.
C’est un ressenti qui doit être instinctif, libre. Il faut être comme sur un poste de radio lorsque tu cherches une station : il faut trouver la bonne fréquence en soi.
C’est long par contre et, souvent, on se cache derrière le travail, les plans, la technique ou les méthodes en oubliant l’essentiel : la musique se joue avec ses oreilles, et mes oreilles, ce sont mes doigts.
Quelles ont été les clés de ton évolution, ce qui t’a réellement permis d’avancer, les musiciens, un livre d’étude particulier, une rencontre, une façon particulière de travailler ?
Jouer incessamment avec la radio ou la télé. Ça m’a permis de me forger un style, un jeu, une liberté qui est devenue au fil du temps authentique.
Quelles sont les affinités propres à ton jeu, trio, quartet, y a-t-il selon toi une formule qui fait passer le mieux ce que tu as à dire ou est-ce suivant l’humeur ?
Les affinités pour moi sont avant tout humaines : si le courant passe avec les musiciens, je joue dans n’importe quelle configuration, cela sera toujours enrichissant quel qu’en soit le style.
As-tu un tempo, ton tempo, lequel ?
Le tempo dépend du moment où je joue, l’après-midi ça peut aller plus vite, le soir, j'aime jouer lazy.
Quelles sont les tonalités que tu apprécies et dans lesquelles tu navigues en liberté ?
J’aime bien les armures en bémols, pas mal de standards grâce aux cuivres sont écrits comme ça. Sinon toutes les tonalités sont intéressantes, je ne suis pas sectaire.
As-tu développé ta technique de jeu propre ?
Avec ma basse piccolo, je n'ai pas de repères, je veux dire que je ne m'influence d'aucun autre bassiste. De ce fait, le jeu m'est propre et je me sens authentique. Sur les autres basses, je n'ai pas encore assez de recul, mais nous avons tous un son, un phrasé, un style, ce sont nos empreintes digitales.
Chaque musicien doit avoir une carte d’identité. Quand tu reconnais immédiatement au jeu et au son la personne qui joue, c’est qu’elle a déjà son influence. Après, si tout semble très facile en la voyant manœuvrer, c’est qu’elle est déjà super au point et il y a beaucoup de musiciens dans ce cas.
Penses-tu que la basse est l’instrument du groove ou aimes-tu te sentir libre tant dans les solos que dans les accords ?
Les deux, je n'aime pas trop l’idée qu’une école puisse s’imposer sur une autre, après, c'est le bon sens qui dirige ta réflexion. Si tu joues du Blues ou de la chanson, tu ne vas pas dans les fréquences basses faire du solo tout le temps. Le bassiste doit groover, c’est la base. Si en plus, il peut planter de beaux chorus, pourquoi s’en priver ? C’est le style et l’ouverture des musiciens qui dictent la conduite à tenir.
Demain, je veux acheter un CD où tu joues, qu’est-ce que tu me conseilles ?
Le prochain, il faut avancer.
La vie du musicien, les conseils
Peux-tu nous décrire une semaine type de ta vie de musicien ?
Premièrement l’humeur. Ma vie influe sur ma façon de jouer, il faut avoir quelque chose à dire, quelque chose à sortir, ce que régulièrement, je n’arrive malheureusement pas à faire dans ma vie et mes relations, sortira derrière mes notes.
Deuxièmement, le téléphone et les mails, c’est ce qui influe sur ma semaine en général.
Dans ton travail personnel au quotidien, que joues-tu régulièrement ?
Je joue, suivant mon humeur, rien n’est régulier, rien n’est quotidien. Je n'aime pas parler du mot « art » je trouve qu’il a une connotation péjorative, voire prétentieuse, mais pour une fois, je vais l’employer, je crois que la norme est le contraire de l’art.
Quels sont les conseils que tu donnerais aux aspirants musiciens qui te lisent ?
Je n'ai pas la prétention de donner des conseils, mais je vais essayer, je pense qu’un musicien s’inscrit dans la durée. Il faut être persévérant.
L’impossible recule devant celui qui avance. Après, je leur dirais de ne pas reproduire mes erreurs, de ne pas rester dans leur bulle.
C’est excessivement long avant d’arriver à jouer comme on le rêve et c’est souvent au détriment de ce qui est important dans une vie.
On reconnaît son bonheur au bruit qu’il fait en partant donc, restez vigilant.
J’ai oublié de vivre bien souvent pour arriver dans mon rêve et quand la vie nous bouscule, la chute est dure.
En dehors de la musique, quels sont les domaines qui te passionnent ?
La spiritualité, l'empathie.
Internet, crise du disque, prise de position
La crise du disque, l’individualisme forcené de ceux qui arrivent à vivre de la musique, le préformatage des musiques, est-ce que tu penses que la pente est irréversible ou est-ce que tu entrevois des solutions ?
Oh là, je ne suis pas compétent pour répondre à ça, je dirai qu’il y a ceux qui s’adaptent au changement et ceux qui ne s’y adaptent pas. La concurrence pour vivre de la musique est dure pour ceux qui sont musiciens dans l’âme, car ils n’ont pas toujours conscience qu’il faut s’arrêter de jouer pour aller voir ce qu’il se passe dehors.
Il y a ceux qui cherchent des excuses et ceux qui trouvent des solutions. Après, savoir si c’est une bonne chose ou pas et comment les choses vont évoluer, difficile à dire quand on ne maîtrise pas le sujet.
Penses-tu qu’Internet puisse être une ouverture pour le musicien ou crois-tu à l’inverse que la toile va nous isoler encore plus ?
Les deux, c’est une ouverture exceptionnelle, Facebook, Myspace donnent la sensation d’exister. C’est un moyen génial de communiquer, d’aborder, de s’ouvrir au monde et pour cela, c'est immensément utile pour nous autres saltimbanques.
Par contre, on s’isole déjà pas mal comme instrumentiste pour arriver à donner le meilleur de soi et souvent, on doute, donc derrière un clavier d’ordinateur, la vie peut vite devenir une virtualité asphyxiante.
Le musicien a son mot à dire face aux cris d’alarme que la planète émet un peu partout ! Ou penses-tu au contraire qu’il ne doit pas pratiquer le mélange des genres ?
Je pense qu’il devrait pratiquer le mélange des genres. Celui qui passe la quarantaine en étant encore musicien a démontré qu’il possédait des gènes de résistance bien développés.
Celui qui est sincère et sensible dans sa démarche de musicien est automatiquement un « alien » pour le reste du monde. Ce monde qui ne fonctionne pas avec nos codes, nos envies, nos rêves. Il y a toujours un décalage entre notre rêve original, notre but et la vie quotidienne, celle du monde « ordinaire ».
Alors en tant qu'être humain, j’ai tendance à dire non au monde tel qu’il est, et j’applique ma vie à ma façon d’être et de voir les choses. Il est rare de voir au fur et à mesure de l’avancée du chemin des personnes qui nous ressemblent. Plus j’avance et moins, je vois d’« Highlanders ».
N’y vois pas de pessimisme, c'est juste un ressenti, j’essaie malgré tout de dégager le côté positif des personnes et des événements et j'apprends quotidiennement.
J’aimerais juste tellement que nous soyons plus nombreux.
Vive l'empathie.
Bruno Chaza
Website :
https://www.brunochaza.com
YouTube :
https://www.youtube.com/c/BrunoChazaBass
Facebook :
https://www.facebook.com/BrunoChaza2
Instagram :
https://www.instagram.com/brunochazabass/
--------------------------------------------------------------------------------
Merci Fanto pour ce moment passé ensemble et à bientôt, ici ou ailleurs !
Interview Fanto Chrys Legros