La saga 2 !

Lutherie, luthiers, basses
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jazzgirl
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Message : # 18885Message jazzgirl »

VKing a écrit :ben, le boulot que tu fais et la passion qui se degage de ce que tu nous racontes.

j'adore les gens passionnés qui savent partager leur savoir.

voila, le mot etait peut être mal choisi. En fait, c'est pas choisi, c'est venu tout seul :lol: :roll:
Merci!! :D Ca me fait plaisir !!! :wink:

et, non, non, ce n'était pas "mal" choisi, si c'est ce que tu en penses.
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Timon
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Message : # 18886Message Timon »

Je regrette de n'être pas petite sourie tapie dans un coin pour voir tout ça de vive voix (on peut dire ça ??!!)

Merci pour le lien, je m'aperçois que je confondais le Dulcimer (c'est presque du verlan) avec tout autre chose. Tes projets sortent de l'ordinaire. J'adore la définition "une cornemuse qui se joue avec un archet". C'est proche de la définition de la basse (une guitare qui joue de la batterie), en plus suréaliste

Merci pour le reportage, vraiment, on y est, et ça donne envie. C'est ton métier, les reportages ?
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jazzgirl
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Message : # 18890Message jazzgirl »

Timon a écrit :Je regrette de n'être pas petite sourie tapie dans un coin pour voir tout ça de vive voix (on peut dire ça ??!!)
(...)
Merci pour le reportage, vraiment, on y est, et ça donne envie. C'est ton métier, les reportages ?
:riri: Je me suis dit que c'était bien les liens pour illustrer, ça marche apparement ! :wink:

Pour les reportages, non pas du tout ce n'est pas mon métier, tu es sympa parce que le plan des descriptions, c'est pas ça ! :wink:
En fait, j'écris un peu plus au boulot, j'ai changé de poste (beaucoup plus de com). Mais je pense, comme disais VKing, que c'est surtout parce que, j'aime ce que je fais ...

PS tu ne serais pas déçu si tu étais là, le maître est un phénomène! :D
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Timon
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Message : # 18894Message Timon »

Ok miss, tiens nous au courant de la suite

Mais je t'assure que tu raconte très bien :wink:
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jazzgirl
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Message : # 18898Message jazzgirl »

Séance des 10 et 11 déc.

Je finis la 2ème face du tasseau (la base du Dulcimer où je vais poser les éclisses), bon le prof m’aide 2 secondes pour finir parce que je commençais à fiche en l’air mon super équerrage, le problème avec le cèdre sur des petites surfaces c’est que le bois qui est entre les veines est très très tendre avec que les veines sont très très dures, imaginez pour rendre une surface plane lisse et courbe en même temps ? :D

Voilà c’est fini pour l’instant sur cette pièce.

Je m’attaque : … aux éclisses !
Du noyer, pas fun au 1er abord mais sympa par après, par son côté qui se laisse apprécier après découverte.

Il me donne une autre cote que d’habitude, je dois les faire à 4.2 cm. Je dois d’abord mesurer de combien de longueur de bois j’ai besoin pour les éclisses. Pour cela, je dois faire le développé par rapport au gabarit, c'est-à-dire prendre une ficelle et la poser sur sa tranche, (pour rappel, les éclisses sont sur les côtés), comme il y a des courbes, quand on la tend on obtient la longueur totale.
Donc ici à peu près 70cm, pour vous donner la hauteur de l’instrument, la tête rajoutera de la hauteur également. Je scie l’excédent à la scie à ruban et je passe à la suite.

Je passe la tranche au rabot pour faire un champ parfait, celui qui ira contre la règle de la scie à ruban quand je couperai la pièce de bois pour avoir les deux éclisses, pour l’instant elle va rester longtemps en un morceau.

Je dois préparer les éclisses pour arriver à une épaisseur de 2.5mm, alors c’est reparti avec le rabot pour faire descendre tout ça, je suis à 4.5mm à présent.
J’adore le rabot ! Sauf que je fais un léger creux et pour rattraper et pour ne pas éclater les fibres du bois à l’étape suivante (calibreuse), j’ai ma punition, passer le racloir sur les zones à risques.
Dans mon élan j'étais passée trop fort sur le contre-fil et j’ai « tapé » avec la lame du rabot à cette endroit là.

A présent, comme il y a trop d’opérations à faire qui nécessite un suivi et qu’il y a bientôt les congés de Noël, je commence la tête à la fin de séance et pour les deux prochaines.

La tête est en cèdre du Honduras (celui-ci vient du Guatemala) du nom latin Cedrela Odorata, je voulais vous le dire, c’est beau comme nom.

Je trace pour avoir une forme de 70mm X 170m et je la coupe avec la scie japonaise, je lui ai demandé pourquoi: parce que je n’ai pas de scie à ruban chez moi, il faut bien que j’apprenne à me débrouiller sans.
Petite cale martyre dessous et pour protéger dessus et c’est parti. J’aurai préalablement fait une entaille au cutter pour guider le premier coup de scie, car la scie japonaise est redoutable ! :twisted:

Fin de la séance !
A la semaine prochaine !
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VKing
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Message : # 18901Message VKing »

euuuuh, c'est quoi une scie japonaise ? ça ressemble à quoi ?

(j'ose une blague moyenne : un scie qui te bride dans ton élan...mouais, je sais..bof... :roll: )
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jazzgirl
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Message : # 18902Message jazzgirl »

Voilà à quoi cela ressemble, en fait elle scie beaucoup plus vite et plus finement qu'une scie normale. Mais attention aux doigts! :wink:

http://www.hmdiffusion.com/aoCCatalogue ... amille=733
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Mr.LeBelge
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Message : # 18910Message Mr.LeBelge »

8)
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jazzgirl
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Message : # 18943Message jazzgirl »

Je suis rentrée de congés et je vous devais les dernières notes sur les cours de la fin d’année.

En fait je n’ai pas du tout continué sur la tête mais sur le fond.

Le fond !
Le maître m’avait préparé 5 lames de bois qui se décomposent comme suit :
Une lame de Noyer, un filet de Palissandre, de l’Acajou de Colombie, de nouveau un filet de palissandre et une pièce du même Noyer.

Faire une grande marque au crayon sur toutes les pièces pour avoir un repère après les avoir toutes manipulées. Cela m'a aidé plus tard, je peux vous assurer.

Faire un champ parfait avec la grande règle de métal qui a du papier de verre dessus. Ce champ doit être bien plan pour la scie à ruban.
Se rapprocher de la cote, mais pas au micron car la colle peut combler les manques.
Même que je veux vérifier la cote d’une des lames il faut toujours les présenter dans la position de l’assemblage.

Attention avant de coller : pour tout collage avec des bois exotiques (en ce qui me concerne, le palissandre), il faut absolument les dégraisser avant ! Sinon la colle ne prend pas. Le dégraissage se fait avec un produit spécial à demander dans les magasins spécialisés.

Le collage : c’est toujours une opération délicate car il faut avoir les gestes précis et aller vite. Je l’ai déjà dit sûrement mais ça me stresse intensément.
Je vais mettre de la colle sur un côté et toujours le même pour toutes mes pièces.

Le collage se fera sur du papier sulfurisé de cuisine contrairement à la table car le montage est fragile et il y aurait trop de papier journal à enlever au final.
Je vais aussi utiliser des serre-joint de lutherie, ce sont des serre-joint en bois mais qui presse aussi très bien (ils ne sont pas évident à serrer d’ailleurs surtout dans le feu de l’action). Un petit lien pour les yeux.
http://www.gaignard-millon.com/categori ... 0en%20bois

Je vais mettre les serre-joints sur une grande « règle » en plastique qui tiendra le tout pris en sandwich avec une grande planche.

Le lendemain, tout est plus que sec, j’enlève le papier sulfurisé et vogue le racloir ! :cry: :cry: il faut que j’ai 1.8mm min. Je mets un temps fou pour trouver la bonne position pour racler au mieux, enlever le plus de bois sans l'éclater, à cette épaisseur vous pouvez imaginer la fragilité. Je dois insister sur les filets.
Le temps que je trouve le coup de main (1h30 au moins!) j’ai les mains écarlates et douloureuses ! Pour finir je passe une cale avec du papier de verre 100.

Le dernier mot pour la fin avant la prochain séance et première de la nouvelle année : attention à la poussière sous le fond. A ces épaisseurs là de la poussière peut casser ce genre d’assemblage en une seconde et sans que je m’en rende compte, bonjour la frousse !

A la semaine prochaine !
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Message : # 18945Message VKing »

t'aurais pas des photos ? (pour voir l'evolution, des mimines toutes rouges, tout ça :lol: )

tjs aussi passionant ce reportage, de l'action, du suspens, des rebondissement... 8)
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Message : # 18946Message jazzgirl »

Encore Bonne année ! :wink:

Je viens de récupérer un appareil tout simple d'occas' donc il va bientôt y avoir des photos, effectivement ça me manque à moi aussi, d'où l'achat du petit appareil et je prendrai toutes les étapes! :D
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Message : # 18951Message Mr.LeBelge »

héhé... ça va encore être plus passionnant 8)

Par contre, j'imaginais pas les collages aussi galère :oops:
c vraiment tout un art la lutherie :roll:
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Message : # 18960Message jazzgirl »

Ca y est j'ai fait des photos! tout est en pièce détachée, je n'ai pas tout pris mais on voit au moins la table d'harmonie !

Je vous fais ça ce week-end! en plus du... "rapport" du dernier cours.

Par contre au retour des vacances je me suis aperçue que j'avais oublié de vous dire que j'avais collé aussi le contre-joint en Western Red Cedar du Canada de 1951, .... et oui!!!!!!!!!! (pas mal non ?).

En plus pour l'anecdote, cette pièce de bois fait partie de la table d'harmonie d'une guitare sublime qu'a faite le luthier pour un trés trés bon guitariste de flamenco... La classe, non ? :D

Mon dulcimer va sonner du tonnerre! (Enfin, j'espère, je vais me porter la poisse...) :wink:
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La saison suivante!!!

Message : # 19070Message jazzgirl »

Etape suivante, les barres.
Je dois finir le contre-joint et le préparer à recevoir les barres (3). Après avoir reporté sur le bois le tracé des barres qui est sur le gabarit, je trace les axes sur les barres et contre-joint . Pour évider le contre-joint je trace l’épaisseur de mes barres avec un compas : je fais un tracé de 3mm de chaque côté des axes et je passe plusieurs fois le cutter pour commencer à vider le contre-joint. Je le fais avec une bédane n°6 pour bien enlever tous les fils.

Je découpe les barres, cela doit se faire dans le même sens du fil du bois. Même les barres sont en acajou de Colombie de 1970. Il faut enlever 2mm à la cote des gabarit pour laisser passer les éclisses après.
La barre doit faire 18mm de haut, donc passage au rabot pour donner une forme de pain de sucre. Il faut poncer après mais surtout pas en dessous.
Le bout des barres doit aussi être formé, elles subissent une courbe vers la fin et ce n’est vraiment pas évident à faire.

L’étape d’après est le collage avec des touts petits serre-joints et le vernissage des barres et du contre-joint une fois sec . Il faut alors mettre du scotch sur le fond en noyer. Il faut bien scotcher car le vernis glisse en dessous, là je remarque que j’aurai dû plus faire attention en collant car je garderai une « grosse » trace de colle qui va apparaître quand je vais vernir, impossible d’y toucher maintenant :( . Laisser sécher…

Il faut en profiter pour faire les barres de la table qui vont s’ajuster sur celle du fond justement. Elles doivent être décalées de 1,5 cm vers le bas sauf la plus grande. La forme des barres sont identiques à celles du fond, elles sont en épicéa de Finlande. Quand elle seront collées et sèches, je collerai le tasseau après lui avoir enlever 1cm.

Après les barres, je continue la tête.
Ces sessions ont été très agréables car le bois est un bonheur à travailler, pour rappel, c’est du Cedro du Honduras ou appelé Guatemala aussi. Si j’arrive à mettre les photos vous verrez la forme. Un peu comme une tête de violon. Le plus dur est de faire toute l’épaisseur de la tête bien perpendiculaire, il faut limer et vérifier avec l’équerre. Je m’occupe d’abord des faces et après du « rond » car la plus petite forme et la plus fragile.
Le façonnage me fera plusieurs séances mais ce fut génial. On aurait pu faire les trous des mécaniques de suite mais la forme il faudra en commander pour banjo car je ne peux installer celles que j’ai à cause de la forme de la tête. Donc c’est pour plus tard !

Je m’attaque alors aux éclisses.
Je scie ma planche, les côtés extérieurs seront le haut des éclisses, je rabote les éclisses jusqu’à la cote de 42mm.
Je prends le développé sur le gabarit sur l’éclisse pour avoir les formes, « creux et bosses ».
Je les trace à la craie car elles vont me servir de repère pour …. le cintrage ! Faire deux croix pour le creux, une croix pour une courbe sur l’extérieur. Il faut aussi marquer la tête de l’instrument sur les éclisses et le haut (où sera collée la table).
Je vais d’abord cintrer le petit creux, le « petit lobe » puis le « grand lobe » mais d’abord je vais m’entrainer car ce n’est pas évident du tout. Il faut mouiller le bois puis le laisser assez chauffer, sans qu’il brûle bien sûr, pour que la fibre interne chauffe et que à ce moment-là, le bois se courbe. Après façonner l’éclisse sur le fer pour lui donner la forme exacte du gabarit. Toujours vérifier. La chose … « marrante » c’est que d’une séance à l’autre si la fibre interne n’a pas été bien chauffée ou autre, comme le bois fait ce qu’il veut, il reprend sa forme initiale, il faut alors refaire ce qu’on a fait la veille !
Le cintrage m’a fait quelques séances également. Il faut faire la même chose pour les filets (sans eau), je trouve cela plus dure car comme c’est plus fin ça tourne facilement ! :?

Le moule à filets
L’étape d’après consiste à apprendre à faire un moule qui va me servir à bien mettre en place les filets.
Il paraît que ce n’est pas évident du tout. Le moule est en pin très dur et dense. Je trace un axe sur un bloc de bois qui va me servir de repère pour tracer la forme (d’un côté seulement) du Dulcimer. Je n’ai pas besoin de prendre tout la longueur de l’instrument, je vais m’arrêter à l’endroit où j’ai coller le tasseau (sur la table).
Les séances d’après vont consister à attaquer le grand bloc avec une énorme lime car le bloc est assez large puis une lime moyenne puis lui donner une forme parfaite et bien plan de partout, j’ai l’habitude grâce au façonnage du tasseau maintenant, toujours vérifier avec l’équerre bien entendu, en ayant marquer préalablement à la craie, la surface de référence.
La dernière manipulation consiste à scier dans l’axe le moule et voilà où j’en suis aujourd’hui ! :wink:

A bientôt
Dernière modification par jazzgirl le 26 mai 2009, 14:39, modifié 1 fois.
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Message : # 19075Message jazzgirl »

Le moule ressemble maintenant à un énorme peigne dont il faut bien vérifier la largeur pour laisser passer les serre-joints (pour serrer les filets par après).

Bien évidemment il faudra que j'élargisse les dents! Grrrr... Mais maintenant c'est fini.

Je reprends mes éclisses pour vérifier que cela n'a pas trop bougé et je les ajuste à nouveau sur le moule en les cintrant. C'est des fois délicat, quand je touche une courbe, cela peut tout décaler...

Et voilà pour cette fois!

:wink:

A bientôt!
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